Ici au Jitumu comme partout ailleurs au Mali, les agriculteurs ont du mal à réaliser l’urgence de la nécessité de protection de notre patrimoine végétale contre les dangers d’appauvrissement et de disparition qui le guette. Ce qui complique énormément les efforts de protections et de sauvegarde de nos végétaux, tous types confondus, et du patrimoine dont ils sont constitutifs.
A kafara, un village à l’est de Ouelessebougou, tout le monde est agriculteur mais tout le monde n’y est pas aussi attentifs que Soumaïla Samaké aux résultats des recherches Agronomiques. Bien des années après l’échec de la tentative de réintroduction du Ségou Fali dans les enclos agricoles de son village ; Soumaïla en maintient encore contre averse et sécheresse, à la surprise de tous, quelques pieds dans un coin de son champ.
Le Ségou Fali ou Jofaga est une herbacée réputée efficace contre plusieurs affections et disponible chez tous les bons négociants de produits tradi – thérapeutiques. Jadis largement présent dans et autour des champs de case, le Ségou Fali s’en éloigne de plus en plus de nos jours pour élire domicile dans des coins de brousse pas toujours facile d’accès. Toutefois, la surexploitation et la destruction dont il est l’objet dans ses brousse lointaines, le prédispose à une disparition quasi certaine dans quelques de notre environnement. Alors qu’il est encore indispensable et incontournable dans la constitution de plusieurs recettes tradi-thérapeutiques Malienne.
Dans le souci de pallier aux difficultés que risque de poser la disparition du Ségou Fali de notre environnement, que les services de recherches et de vulgarisation agronomiques de Sotuba au Mali ont initié, courant 2010, des démonstrations de techniques de domestication de ladite plante à travers 3 régions du Mali : Kayes, Koulikoro, Ségou.
C’est ainsi que pendant plusieurs jours, ils ont, à travers des séances de formations, assisté les habitants du village de Kafara à diverses techniques relative à la reconnaissance du Ségou Fali, la production de sa semence, les techniques de sa plantation, de son entretien et de sa récolte ainsi qu’à diverses autres vertus de ladite herbe.
Voilà comment fut installé le premier enclos de Ségou Fali à Kafara. Mais puisque « l’on n’a pas encore fini de semer les semences sérieuses à fortiori les herbes », les villageois oublièrent l’initiative et vaquèrent à leurs habituelles occupations aussitôt que la séance d’implantation de la parcelle d’essai fut terminée.
C’est alors que Soumaïla Samaké, ne partageant pas du tout l’avis de ses voisins camarades et frères pris l’initiative personnelle de répliquer l’essai de domestication du Ségou Fali sur un coin de sa parcelle champêtre. Il récupéra pour ce faire les derniers spécimens survivants de Ségou Fali dans la parcelle de démonstration officielle et les transplantât dans ce petit enclos qu’il venait de finir d’installer.
« Actuellement, c’est à moi que les services de recherche ont recours pour trouver des semences témoins pour leurs rencontres scientifiques, mêmes si elles se déroulent en dehors du Mali. Aucun des villages ayant été concerné par le projet de domestication de ladite plante n’a pu maintenir son enclos…. Ils s’en sont tous complètement désintéressés. Même ici au village, ça devient de plus en plus un enclos d’utilité publique maintenant que le Ségou Fali disparait de plus en plus des alentours immédiats du village. Certains viennent s’y approvisionnés même sans permission…» poursuit-il en nous promenant dans l’enclos foisonnant d’herbes indistinctes pour le non initié.
En me présentant deux branchettes presqu’indistinctes, Soumaïla m’apprend comment beaucoup d’adepte non initié de la phytothérapie substitue au réel Ségou Fali, une autre plante très semblable. Alors que cette dernière, dite ‘’Ségou Fali Sina’’ est plus recommandée pour l’aliment bétail et sent moins fort que le vrai Ségou Fali….
Dans l’attente d’une manifestation d’intérêt de la part de ses voisins de Kafara ou d’autres confères paysans du jitumu et du Mali entier pour des semences de Ségou Fali, Soumaïla entretient encore tant bien que mal, les plants dans son enclos. « C’est une plante qui ne requiert aucun entretien spécial. L’enclos sert simplement à protéger son espace vital de l’intrusion des prédateurs éventuels » confie il en replaçant les bouts de bois servant de porte au dit enclos
B.Konaté, Groupe Cibarani
Novembre 2016, Ouelessebougou